mercredi 1 mars 2017

Adam's Peak ou comment tester sa patience avant le Kili


C'était les vacances !!! Trop de joie, partir en sac à dos à 4, en Asie, au Sri Lanka... Depuis longtemps j'avais envie de faire ce voyage et les vacances d'hiver de février étaient devenues le moment le plus attendu de mon histoire ! Donc vacances au soleil = maillot de bain, lunettes de soleil, baskets (programme chargé!). 2 semaines d'itinérance pour découvrir un pays. Le pied !
Et comme prévu les vacances sont passées hyper vites, changement d'hôtels tous les jours, découverte de nouveaux paysages, ambiance parfaite ! Mais comme une règle a toujours son exception je vais vous raconter l'histoire de notre ascension à Adam's Peak !!
On est vendredi, on a déjà passé une première semaine au top et on vient d'arriver à Dalhousie, village départ de la randonnée. En théorie il faut partir à 2h du matin pour réaliser l'ascension de nuit afin d'admirer le lever du soleil en haut de ce roc culminant à 2250m d'altitude. En haut se trouve une empreinte de pied symbolisant le passage de Dieu sur terre, et toutes les religions ont leur histoire là-dessus (détail qui a son importance pour la suite!). Il parait que l'on peut voir l'ombre de la montagne formant un triangle mystérieux sur les plaines (blablabla). Le seul hic après avoir checké (positivement) la météo, c'est qu'on est en weekend. Il est assez déconseillé de faire cette escapade à ce moment là car beaucoup de Sri Lankais viennent pour prier là haut. Mais notre programme de ouf nous permet uniquement cette possibilité !
Notre super solution est donc d'anticiper la foule ! On est tellement intelligents, on va mettre le réveil à 00h00 et partir au plus vite ! Petit dej commandé la veille, on est fin prêts pour nos 4h de sommeil...
Réveil un peu dur mais l'excitation de la journée nous motive ! Nous quittons l'hôtel à 00h15. Les frontales vissées on est déjà étonnés de voir autant de monde dehors ! Bref, on est partis pour les 5500 marches !!
Au départ beaucoup de petites boutiques vendant des vêtements de recup pour réchauffer les gens, ce qui donne un style magnifyque à tous ! Des hommes avec des torchons sur la tête, des gens avec des tongs (chaussette) et un gros pull en laine avec des coeur, des gants pour la cuisine enfilés, bref la couverture léopard que j'ai empruntée ne me fera pas honte lorsque j'arriverais en haut pour attendre le lever du soleil me dis-je. Nous marchons donc dans la bonne humeur, et dans la lumière, tout est prévu, des loupiotes installées aux bons endroits pour ne pas trébucher, des étals pour les plus gourmands, et même des espaces pour un petit roupillon ! Mais nous sommes de plus en plus étonnés par le monde qu'il y a et au fur et à mesure de l'ascension, on se demande si là haut c'est assez grand pour accueillir autant de personnes !! Parfois une escorte d'environ 8 gars passent à vive allure avec des chaises en bambou pour porter des personnes en situation de handicap au sommet. C'est impressionnant ils avancent très vite pourtant chargés d'un poids vraiment important sous notre regard admiratif...
Quand à nous, il est maintenant 2h du matin et ce qu'on redoutait arriva ! Trop de monde, on avance plus !! Sur notre droite, dans l'ombre, un chemin mystérieux nous donne envie, mais les locaux ne nous donnent pas vraiment leur consentement pour détourner notre chemin. Tant pis on reste agglutinés dans la foule et on commence à attendre... Ça va notre optimisme pousse nos calculs, il est 2h, le soleil se lève à 6h30, dans 4h30 on va être en haut, on est presque arrivé !! Bon... La transpiration ne sèche pas, le vent se lève il fait froid, je sors ma super cape léopard, à force d'attendre et de regarder en haut voir si ça avance une petite migraine arrive. Pas grave on est là, on va quand même pas faire demi-tour ! Mais bon, le temps passe, notre allure avoisine les 0.05km/h, on a plus la force de faire des calculs mais notre optimisme commence à flancher ! Surtout quand on observe le soleil qui pointe le bout de son nez et que nous sommes encore bloqués sur nos escaliers !!! Les fameux porteurs réussissent à se frailler un mini chemin et nous doublent (toujours aussi impressionant !), certains touristes (des russes pour ne pas les citer) en profitent pour gagner de nombreuses places...) et nous 4 on se motive les uns après les autres pour éviter l'abandon. Il est 8h30 quand une grande discussion a failli nous faire faire demi-tour. Liée par la rencontre avec un couple de français qui redescendaient. Ils ont pris le chemin que nous avions vu quelques heures auparavant. En étant partis après nous, ils étaient en haut 2h avant le lever du soleil, et étaient tranquillement sur la route du retour... Mais les sportifs que nous sommes, à l'état d'esprit sauvage et compétitif (et dégoutés et sans envie) décident de rester et de ne plus réfléchir, nous irons au bout même si ça doit nous prendre la journée. Nous sommes donc ravis quand une petite brume arrive, le paysage se cache, youpi on verra rien là-haut ! On est vraiment trop forts.
Dernier effort il reste 100m Sri Lankais ! 1h plus tard... On voit le monastère. Les gens se poussent de plus belle, on se déchausse on va pouvoir enfin se prosterner devant l'emprunte ! Ou pas, on voit rien, on est fatigués, mentalement atteint de frustration avancée, mais bon, sacrément heureux d'en avoir fini avec cette attente monumentale !
Au final, on aura fait 5500 marches en 10h30. Dont 500 en 8h30... La redescente en à peine 2h. C'est décidé, plus jamais on va se plaindre d'avoir choisi la mauvaise file au supermarché, on est rodé, on est devenu les plus patients de monde ! Oui, car les Sri Lankais, eux, n'ont jamais montré un seul signe d'impatience, ils étaient heureux d'être là, tout simplement. Certains chantaient, d'autres souriaient de la situation... C'est désormais notre cas, maintenant que c'est passé !

Merci à Anais, Mika et Cédric pour cette superbe prépa au Kili, si ça se trouve il y aura autant de monde l'été 2018 !!